L’APPAREIL DIPLOMATIQUE RWANDAIS DEVIENT DE PLUS EN PLUS UN RÉSEAU TERRORISTE

Maître Valentin Akayezu

La Convention de Vienne de 1961 sur les relations internationales reconnaît le rôle essentiel joué par les missions diplomatiques dans la protection des intérêts de l’État qui les accrédite et de leurs ressortissants dans le pays hôte. Toutefois, cette protection doit être exercée dans les limites du droit international.

Conformément à l’article 3 de la dite Convention, les missions diplomatiques ont le droit d’être informées de la situation et de l’évolution de la situation dans le pays hôte par des moyens juridiques. La Convention reconnaît la pleine liberté des missions diplomatiques dans l’exercice de leurs fonctions, mais cette liberté est subordonnée au respect du droit international et à l’utilisation de moyens légaux pour obtenir des informations sur la situation, l’évolution et les événements dans le pays hôte.

Rappelons que la légitimité des missions diplomatiques dépend de leur adhésion au droit international et de leurs moyens justes et légaux d’obtenir des informations.

L’immunité diplomatique n’est pas une excuse pour une mauvaise conduite. Les diplomates sont toujours tenus de respecter les lois du pays d’accueil. En d’autres termes, ils doivent aborder directement les questions difficiles des relations internationales, en tenant compte des coutumes locales pour un impact maximal. En tant que représentants de leurs gouvernements, il est important que les diplomates entretiennent des relations respectueuses et positives avec leur pays d’accueil, ce qui implique de respecter les lois et les coutumes locales.L’immunité diplomatique ne devrait jamais être considérée comme un permis de se comporter de manière inappropriée ou irresponsable.

Cependant, la réalité montre qu’il existe des situations où les missions diplomatiques vont au-delà des limites de leurs fonctions autorisées telles que définies par la pratique coutumière internationale et entreprennent d’autres activités qui vont à l’encontre du système juridique international, comme l’a démontré le cas de Jamal Ahmad Khashoggi, qui a suscité un grand torrent d’indignation dans la communauté diplomatique occidentale. Rappelons que le journaliste saoudien a été assassiné à l’ambassade saoudienne à Istanbul, en Turquie, après avoir été soumis à la torture sur ordre des autorités de Riyad. Dans le monde soi-disant libéral, les réactions contre cet acte odieux ont été écrasantes.

Ambassade du Rwanda à Paris, France

Sous prétexte de lutter contre l’idéologie génocidaire et d’utiliser le récit du génocide comme un outil pour faire taire les critiques de ses excès autocratiques, le gouvernement rwandais a mandaté toutes ses représentations diplomatiques à l’étranger pour garantir qu’aucun individu, étranger ou rwandais, ne soit autorisé à continuer à vivre en toute liberté chaque fois qu’il ose attirer l’attention sur les graves méfaits commis par le totalitaire Paul Kagame et le FPR en tant que parti-État au Rwanda.

L’appareil de propagande au Rwanda utilise une procédure méthodique pour générer une liste d’individus et d’associations qui sont présentés comme des menaces pour la survie du peuple rwandais. Par la suite, ces listes de diabolisation doivent être approuvées par les autorités du pays, y compris les commissions publiques spécifiques et le parlement.

Enfin, l’objectif des ambassades rwandaises est de surveiller et d’interférer avec les activités quotidiennes des personnes considérées comme les opposants et les ennemis du Rwanda. Cette stratégie méthodique est une illustration évidente de la façon dont la propagande est utilisée pour influencer et manipuler l’opinion publique internationale. En plus de mettre en danger la liberté individuelle, la machine de propagande rwandaise constitue également une menace pour la stabilité et l’unité du pays.

L’ambassadeur du Rwanda aux Pays-Bas, Olivier Patrick Nduhungirehe

Sur la liste des négationnistes du génocide des Tutsis au Rwanda, publiée par l’ancienne commission chargée de la lutte contre le génocide, communément appelée CNLG, on trouve le nom du juge Theodor Melon, rescapé de la Shoah, juge renommé et respectable à l’échelle internationale, notamment en Israël, en raison de ses contributions à l’administration publique et judiciaire de son pays. Sa seule transgression a été d’avoir poursuivi sa carrière en tant que juge indépendant au Tribunal pénal international pour le Rwanda, un juge qui n’a jamais pu être influencé.

Juge Theodor Melon

L’ambassadeur du Rwanda aux Pays-Bas, Olivier Patrick Nduhungirehe, a récemment publié une longue déclaration sur son compte X et sur les réseaux sociaux, accusant le Réseau international des femmes pour la paix et la démocratie (RIFDP) d’être composé de femmes qui sont à la fois des apologistes et des auteurs du génocide.Le diplomate n’a fait aucune mention des procédures judiciaires contre le réseau au Rwanda ou dans d’autres pays. Il a également noté que le gouvernement rwandais est embarrassé par la liste des personnes honorées par le RIFDP. Selon lui, tous ces individus sont des étrangers ayant des convictions anti-rwandaises. Il a également estimé qu’il était embarrassant qu’un ministre belge de l’Éducation de la Fédération wallonne ait assisté à la cérémonie de remise des prix le 16 mars 2024.

Il est crucial de souligner que le diplomate Olivier Patrick Nduhungirehe a utilisé des pseudonymes (Ndoli Gitare sur son compte X et Ernest Mudage sur Facebook) pour dresser une liste de Rwandais qui s’opposent au régime du président Kagame et plaident pour leur arrestation.

Lors de l’arrestation d’une personne figurant sur la liste, Nduhungirehe coche et divulgue l’événement sur ses comptes en utilisant de fausses identités. Il convient de noter que plusieurs journalistes tels que Nsengimana Theoneste et Cyuma Hassan Niyonsenga, ainsi que des YouTubers comme Yvonne Iryamugwiza, Abdul-Rachid Hakuzimana et Aimable Karasira, actuellement détenus et soumis à des procès qui ne respectent pas les normes internationales d’équité, figurent sur la liste de Nduhungirehe. Particulièrement alarmante est la satisfaction exprimée par Nduhungirehe à la suite de la mort du célèbre journaliste John Williams Ntwali. (Voir Après un procès douteux, de nouveaux appels à une enquête indépendante (fidh.org)).

John Williams Ntwali

Yvonne Iryamugwiza

Nsengimana Theoneste

Cyuma Hassan Dieudonné

Aimable Karasira

Abdul-Rachid Hakuzimana

Dans le cadre de leur stratégie visant à saper les dignitaires étrangers qui cherchent à comprendre et à soutenir les Rwandais qui plaident en faveur d’un changement politique équitable et inclusif, les autorités rwandaises demandent à leurs ambassades d’employer des tactiques de négation du génocide. Cela garantit que les communautés rwandaises critiques à l’égard du régime du dictateur Paul Kagame sont stigmatisées et que les étrangers potentiellement favorables à leur cause sont dissuadés de s’engager avec eux.

À travers cette approche « ne les croisez pas », Kigali cherche à instiller la peur chez les étrangers qui interagissent avec des Rwandais hors du contrôle du régime, en transmettant le message qu’ils devraient s’abstenir de s’immiscer dans les affaires rwandaises et éviter de s’associer à de supposés « génocidaires ». Par conséquent, les aspirations légitimes des Rwandais à une justice équitable, à une gouvernance démocratique et à la libéralisation de la vie politique, sociale et économique restent inaudibles sur la scène internationale, réprimées par un appareil terroriste déguisé en devoir de sauvegarder la mémoire du génocide de 1994 contre les Tutsis.

La transformation des missions diplomatiques rwandaises en usines à terreur s’est également révélée par l’assassinat du colonel Patrick Karegeya et la tentative d’assassinat du général Kayumba Nyamwasa en Afrique du Sud. De hauts responsables rwandais ont publié des déclarations révélant qu’il n’y avait aucune honte dans cette mort (déclaration du président Paul Kagame).

Louise Mushikiwabo, alors ministre des Affaires étrangères, a tweeté : « L’important n’est pas de savoir comment vous commencez, mais comment vous terminez. Cet homme était un ennemi autoproclamé de mon gouvernement et de mon pays, vous attendez-vous à de la pitié ?

Le ministre de la Défense, James Kabarebe, a déclaré : « Quand vous choisissez d’être un chien, vous mourez comme un chien »

Lire aussi : Des Rwandais inculpés du meurtre d’un critique en exil | Human Rights Watch (hrw.org).

Les autorités sud-africaines ont agi rapidement en établissant un lien entre l’assassinat et l’ambassade du Rwanda à Pretoria. En conséquence, ils ont pris des mesures pour révoquer le statut diplomatique de trois fonctionnaires de l’ambassade du Rwanda. Selon le gouvernement sud-africain, l’Afrique du Sud lie des diplomates rwandais à des attaques – BBC News, les fonctionnaires expulsés ont violé leur statut diplomatique en se livrant à des « activités illégales ».

Pour souligner que la mission diplomatique rwandaise en Afrique du Sud fonctionne au-delà des limites de la Convention de Vienne de 1961, le neveu de feu Karegeya a exhorté à la fermeture de l’ambassade, déclarant qu’elle fonctionne comme un centre d’opérations qui planifie des missions pour nuire à des civils innocents, plutôt que d’être une ambassade traditionnelle

Colonel Patrick Karegeya

General Kayumba Nyamwasa

Lire aussi :Au Mozambique Theogene-Turatsinze-2012-and-Ntamuhanga-Cassien-2021_the-most-high-profile-victims-of-Paul-Kagames-regime-in-Mozambique.pdf (cddmoz.org)

Theogene Turatsinze, un banquier rwandais au courant d’importants secrets financiers concernant les activités clandestines du régime de Kagame, a été assassiné en 2012. Ntamuhanga Cassien, journaliste rwandais indépendant condamné par la justice de Kigali mais qui a réussi à s’enfuir au Mozambique, a été enlevé et son sort reste inconnu.

Theogene Turatsinze

Ntamuhanga Cassien

Les ambassades rwandaises sont impliquées dans les deux affaires de ces crimes graves. Certains prétendent que le colonel Faustin Tinka, qui a servi comme attaché militaire à l’ambassade du Rwanda en Tanzanie, a orchestré l’assassinat de Theogene Turatsinze à Maputo, car il n’y avait pas d’ambassade rwandaise au Mozambique à l’époque. En ce qui concerne l’enlèvement de Cassien Ntamuhanga, l’ambassadeur du Rwanda au Mozambique, M. Nikobisanzwe Jean Claude, en serait le cerveau.

Nikobisanzwe est également l’un des trois diplomates rwandais qui ont été expulsés d’Afrique du Sud en raison de leur implication dans des activités illicites. Par la suite, l’ambassadeur Nikobisanzwe a été réaffecté au Mozambique. Depuis son arrivée dans le pays, des hommes d’affaires rwandais qui ont refusé de prêter allégeance au régime de Kigali ont été assassinés. Parmi les victimes figurent Revocat Karemangingo, ancien président de l’Association des réfugiés rwandais au Mozambique, et plus récemment, son frère cadet Rutayisire.

Revocat Karemangingo

L’assassinat en 1998 de Seth Sendashonga, un ancien ministre du Front patriotique rwandais (FPR) qui avait dénoncé le nombre croissant de meurtres impliquant les forces armées du FPR, s’est produit à Nairobi, au Kenya. Amnesty International a signalé que les autorités kényanes soupçonnaient un agent diplomatique rwandais d’avoir joué un rôle central dans les homicides commis par assassinat (amnesty.nl).

Seth Sendashonga

En 2022, CitizenLab, une ONG américaine, a dénoncé l’ambassade du Rwanda aux États-Unis d’Amérique pour son comportement contraire à l’éthique. L’ambassade s’était infiltrée dans la famille de M. Paul Rusesabagina, le héros de l’Hôtel des Milles Collines, et était allée jusqu’à écouter secrètement les conversations de leur enfant à l’école.

Mr. Paul Rusesabagina

Face aux préoccupations croissantes concernant les actions illégales des missions diplomatiques rwandaises, il est impératif que les pays d’accueil se lèvent pour défendre la justesse et condamnent toutes les formes de comportement contraire à l’éthique, quels qu’en soient les responsables.

Le personnel diplomatique rwandais s’est livré à des actions incontrôlées qui violent le droit international. En particulier, ils ont entravé le droit à la liberté d’expression, d’association, de circulation et de citoyenneté d’origine.Ces droits ne sont pas seulement inscrits dans les textes juridiques internationaux, ils sont aussi des composantes essentielles de la démocratie libérale et profondément ancrés dans les mentalités coutumières des populations des États d’accueil où opèrent les diplomates rwandais. En s’attaquant à ces droits et libertés, les ambassades rwandaises sapent directement la respectabilité internationale des droits de l’homme.

Ce qui est plus inquiétant, c’est le fait qu’ils ciblent les droits privés et répandent des rumeurs sans fondement sur la moralité et l’intégrité des Rwandais et des étrangers qui les soutiennent. En effet, la violation de la vie privée d’une personne est un acte odieux qui ne peut être toléré. Le droit à la vie privée est de la plus haute importance, et il devient encore plus crucial lorsque le personnel diplomatique étranger le viole.

En tant qu’États hôtes responsables des missions diplomatiques rwandaises, il est de leur devoir de veiller à ce que la vie privée des personnes soit protégée contre toute atteinte de ce type. De telles actions sont un affront direct aux valeurs chères aux démocraties occidentales et doivent être arrêtées.